La façade, comme la peau, cache la chair. La métaphore anatomique sert tout particulièrement à décrire le travail de l’américain Gordon Matta-Clark (1943-1978), artiste qui tout au long de sa courte carrière – brusquement interrompue par sa mort prématurée – a cherché à scruter la conscience de l’espace architectural par le moyen de gestes chirurgicaux. Connu pour ses coupures, perforations, amputations et dissections de murs, fenêtres, sols et portes de bâtiments destinés à la démolition, Matta-Clark, en combinant l’action délicate d’un bistouri et la force grossière d’une boule de démolition, s’apparentait à la fois à un chirurgien et à un conducteur de machine de chantier. Dans un entretien accordé à Judith Kirshner en 1978, Matta-Clark décrivait ses interventions comme des "violations discrètes" : violations, en raison de sa volonté d’altérer le sens de l’orientation et la sensation de familiarité spatiale des visiteurs ; discrètes, dans la mesure où il lui fallait toujours laisser des éléments familiers auxquels revenir pour savoir ce que, au juste, il était en train de "casser". Comme nous le verrons, il est possible de distinguer deux formes de "violation discrète" de la notion de façade chez Matta-Clark, par lesquelles l’artiste s’attaque au projet moderniste de l’architecture et de l’art.
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Association des Professeurs d’Archéologie et d’Histoire de l’Art des Universités (A.P.A.H.A.U.)